Observation

Bestiaire déchu

Nous traversons d’après les experts l’un des cinq grands épisodes d’extinctions massives qui ont ponctué l’histoire de la Vie sur Terre. En voici un bestiaire déchu !

Nous avons tout simplement oublié de reconnaitre les fonctions naturellement écologiques mais aussi sociales de la terre et de ses ressources. Il nous faut d’urgence définir la place des organismes non humains dans nos sociétés. A ce stade, je considère qu’il ne s’agit pas d’une simple évolution mais d’une radicale remise en cause. Aussi cette série est plus particulièrement dédiée au monde animal non humain. Elle parle d’interdépendance et solidarité entre humains et non humains. Avoir une approche par les Communs, telle est la question vis à vis du monde animal.

Ce bestiaire, témoigne de sa grandeur.

L’instinct de propriété

Ce cervidé surgit timidement d’un environnement qui normalement constitue son habitat privilégié depuis des millénaires. Or celui-ci est clairement remis en cause par nos droits à la propriété indument octroyés.


Sans dessus dessous

Ce volatile voit sa vie renversée, il « marche la tête à l’envers » à cause des nuisances dues à nos modes de vie (peut-être vit-il la nuit plutôt que le jour par exemple).


Un univers étroit

Ce pachyderme -bien qu’affirmant sa puissance- n’a plus de défenses. Il défile sous nos yeux, en ridicule tenue d’apparat et s’exhibe ainsi comme une relique sainte lors d’une procession.


Un trouble souvenir

Ce jeune mammifère domestiqué n’est plus ni dans son environnement, ni relié à celle qui lui a donné la vie. Il est seul, approvisionné de nourritures douteuses aptes à accélérer sa croissance car il est soumis dorénavant à notre attitude strictement éco-centrée.


Ce petit mammifère sauvage souffre d’épuisement car il est plongé dans une course effrénée et permanente. La fuite est sa seule survie face à notre urbanisation sans retenue et notre économie prédatrice.


Se faufiler en multitude

Ce rongeur classiquement qualifié de nuisible fait l’objet d’éradication méticuleuse. Alors que des espèces se raréfient devant la pression de plus en plus forte de l’espèce humaine, lui, plus ancien que nous sur Terre, prolifère au même rythme. Il est le témoin de la non pertinence de nos modes de vie.


Source d’inspiration

Ce céphalopode est un des rares survivants des temps anciens (7 espèces aujourd’hui contre10000 à la préhistoire). Fossile vivant, il se cache au fond des abysses. Très maladroit, il est pourtant un véritable bijou de technologie. L’extinction prive d’inspiration.


Complainte coassante

Ce batracien doit regagner sa mare natale pour se reproduire. De multiples obstacles viennent contrarier cette loi de la nature et mettre en péril sa survie comme l’ apparition de routes et l’augmentation rapide du trafic routier. N’oublions pas également la disparition tragique des zones humides.


Perfide mode

Être à la mode, certains en rêve d’autres pas. Le trafic d’espèces sauvages croît de plus de 5 % par an.
Mais l’homme ne peut-il trouver d’autres logiques de recherche d’attention. On n’acquiert pas un animal sur un coup de tête.


En dérive

Voici une star médiatique mais surtout l’arbre qui cache la forêt en somme. Seulement 20 parcelles de forêts isolées dans des zones montagneuses, voilà tout ce qu’il lui reste à l’état sauvage. Mais la préservation des espèces dans la nature n’a rien à voir avec la conservation de spécimens dans les zoos.


Un ballet bientôt immobile

Ce poison emblématique des océans apprécié pour sa chair, prisé par la médecine traditionnelle asiatique est en danger. Appréciant de vivre non loin de la surface, il est en plus vulnérable à l’ingestion des plastiques, des marées noires et du trafic maritime intense.


Ce reptile aux allures de dragon s’éteint inexorablement à cause de nos comportements gratuitement prédateurs. Son habitat est confronté au tourisme de masse, il est braconné pour sa peau ou il est encore capturé pour être vendu comme animal de compagnie


Tyrannie d’un territoire

L’éternel sourire qu’arbore ce mammifère marin ne reflète pas sa triste situation. Sa population demeure petite, isolée et fragile. Vivant en plein trafic maritime humain, la contamination chimique et la pollution sonore sont ses menaces majeures.


Espoirs floués

Voici un insecte, jusqu’alors familier dans nos campagnes, il est dorénavant en fort déclin. L’artificialisation toujours plus forte et la pollution liée à nos agricultures le prive d’habitat où nicher. Il doit aussi maintenant composer en plus avec le changement climatique.


Braver ne suffit plus

Voici un oiseau de mer qui vise toujours l’intérêt collectif plutôt qu’individuel pour vivre et se reproduire dans des conditions extrêmes. Malgré cette organisation exemplaire, le réchauffement climatique, la surpêche et le développement touristique abusif pourraient le faire disparaitre d’ici 2100.

Ce bestiaire déchu n’a rien de fantastique, ni de merveilleux tel que pouvaient l’être ceux du Moyen Âge. Il n’a rien d’imaginaire non plus car il s’agit d’une réalité bien tangible. Il ne faudrait pas non plus qu’il devienne un bestiaire d’animaux mythiques et « exotiques ». Tous sont encore là à côté de nous et tentent inlassablement de s’adapter. En revanche, cette iconographie se veut être un vibrant hommage à tant de résilience.

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