Ma mémoire est un réservoir, d’harmonies colorées et de formes, mon imagination n’a qu’à y puiser pour fabriquer ma propre écriture de la chose peinte.
Dans mon travail, je m’appuie sur ma mémoire visuelle. Les gens qui m’entourent me font souvent remarquer que je « balaye » constamment du regard l’environnement qui m’entoure ou bien que je fixe mes interlocuteurs car je ne veux rien manquer de l’expression des lieux, des choses et des gens. C’est sans doute pour m’informer le plus attentivement de leurs états.
Une mémoire alimentée par la curiosité
Ainsi je me suis aperçue que mes observations se mémorisent et ainsi surgissent à tout moment dans ma peinture. Il n’y a pas de don en ceci mais un entrainement permanent et en toute circonstances. Bien sur la main et le regard doivent faire leurs gammes pour exceller dans une composition. La mémoire est aussi en jeu et elle aussi doit s’entraîner.
En fait, je ne crée jamais sur le motif ni d’après une image reproduite mais avec une mémoire des formes ce qui me laisse une entière liberté de composition. Si la forme importe, ce n’est pas l’essentiel, la chose la plus importante à mes yeux est de retranscrire le fugitif et l’éphémère dans la forme. Or autrement qu’en mémorisant ces données, comment pourrais-je les avoir sous les yeux au moment de peindre.
Détails de l’installation « NO MAN’S LANDE » sur fond sonore de la lande (v.egloff)
C’est de mémoire, que j’ai conçu « NO MAN’S LANDE » , installation visuelle, auditive et olfactive pour
ÉCOUTER VOIR L’ODEUR DE LA LANDE BRETONNE.
Une atmosphère de paysage à emporter avec soi
Après de longs moments d’attention à traverser ce paysage, à tenter de l’approcher de sa globalité à sa particularité, j’emplissais ma mémoire. Et j’emmenais avec moi le vent courant avec obstination dans la lande qui pouvait nous réveiller, l’odeur du pétrichor vaporisée sous forme d’aérosol emportant avec lui une partie de la sève végétale qui nous emplit les poumons, les couleurs palpitantes qui subjuguent nos pupilles afin de nous plonger dans un monde vibratoire. Bien qu’en apparence peu luxuriante et même plutôt revêche, la lande bretonne nous met en présence d’un concentré d’éléments organiques gorgés de vitalité puisque irrigués par une si particulière énergie, diffusée harmonieusement dans tout le paysage.
