S’extraire du tumulte du monde, ralentir, retrouver un lien sensible avec la nature : en tant qu’artiste et créatrice, la retraite créative est une nécessité.
Mon séjour au Moulin des Hirondelles, en Bretagne s’est imposé comme une expérience fondatrice, à la fois artistique, corporelle et profondément intérieure.
Accueillie par une amie, J’ai découvert un lieu singulier : un ancien moulin breton, entouré de paysages vivants et silencieux à la fois. Le Moulin des Hirondelles devient alors bien plus qu’un cadre : il se transforme en espace de résonance, propice à l’écoute et à l’attention.
« Ce moment privilégié m’a été offert comme un cadeau : du temps, du silence et un paysage à habiter. »
J’ai eu besoin de quitter l’effervescence du monde des humains

Ici, la nature n’est pas un décor mais un partenaire de création, une présence avec laquelle dialoguer.
C’est ainsi que je décrirais l’élan qui m’a conduite à faire une retraite. Quitter le quotidien, ses automatismes et sa cadence imposée, pour se retrouver seule, si possible, immergée dans la nature. Cette mise à distance n’est pas une fuite, mais un retour à l’essentiel, une manière de réaccorder le corps, l’émotion et le geste créatif.
Trois jours pour ressentir, comprendre et se dissoudre
Durant trois jours, je me suis engagée dans une expérience de création consciente, sans objectif de production ni recherche de performance.
Trois jours à accroître mes sensations, à faire resurgir une émotion et à comprendre comment elle se manifeste dans mon corps.
Observer, contempler, décrypter le paysage, puis le retranscrire sans prétention artistique. Le dessin devient un prolongement du corps, un moyen d’explorer l’émotion plutôt que de la figer. Peu à peu, l’état intérieur se modifie.
« J’ai senti une forme de transe créative, comme une dissolution progressive dans le paysage. »
Se mettre à hauteur de nature
« Être en relation avec la nature dans sa singularité, la parcourir en totale conscience, me mettre à sa hauteur pour ne pas la surplomber. »
L’un des enseignements majeurs de cette retraite réside dans la relation au monde naturel.
Cette posture humble transforme le regard. Elle invite à une création respectueuse, attentive, qui ne cherche pas à s’imposer mais à dialoguer avec le vivant.

Une expérience réparatrice face aux pertes écologiques.
Oui cette retraite fut aussi un espace de réparation.
Oui ces trois jours ont été nécessaires pour réparer mes chagrins et conjurer les pertes de nos écosystèmes.
Créer au cœur de la nature, c’est accepter de ressentir pleinement la fragilité du monde. Le dessin devient alors un acte de soin, un moyen de transformer l’impuissance en présence.
Un simple carnet peut agrandir le monde
J’insiste sur la simplicité des moyens utilisés : un carnet de croquis et quelques outils graphiques suffisent.
Il est vraiment possible d’augmenter la réalité et d’agrandir un monde qui nous apparaissait pourtant bien étriqué.
La retraite créative n’est pas réservée aux artistes confirmés. Elle repose avant tout sur la disponibilité intérieure, l’attention portée au réel et le courage de ralentir.
« Je recommande à tous un tel changement ontologique. »
Par mon témoignage, j’invite chacun à expérimenter cette autre manière d’être au monde. Une retraite créative en pleine nature ouvre des espaces de transformation durable, où la création devient un acte vivant, incarné et profondément humain.
Et vous, avez-vous déjà vécu une expérience de retrait, de création et de reliance à la nature ?

« Carnet de croquis réalisé in situ au Moulin des Hirondelles Pluvigner-Bretagne »-veronique egloff, 2023, 24 dessins : 21×29,7, acrylique sur carton.

